Aujourd'hui, tu aurais dû fêter tes 86 ans. Ce que tu adorais les anniversaires... Gare à celui qui aurait omis de se manifester un 9 mars ! La gamine émerveillée que tu resteras à jamais déchirait ses emballages de cadeaux avec gourmandise, attendait à peine avant de déballer le suivant, se jetait sur le sempiternel gâteau aux carottes sitôt les bougies soufflées...
Cette santé dont tu bénéficiais, cette passion pour la montagne que tu m'as transmise nous avait emmenées cet été encore au-dessus des Diablerets dans un dénivelé spectaculaire. Les restrictions covidiennes se sont avérées rudes pour toi qui adorais te baguenauder en toute liberté, arpenter des rues si possible bondées, hanter les salles obscures avec tes potes de toujours. En cachette de Papa, lors de mes visites, tu me serrais fort dans tes bras et je te le rendais ardemment, ravie de ta sage insoumission aux diktats.
Et puis, il y a six semaines, le choc de ton hospitalisation, les poumons emplis d'un liquide suspect. Tu plaisantais avec les infirmières : "La dernière fois que j'ai mis les pieds à l'hôpital, c'était en 1963, pour la naissance de mon fils." Le verdict est tombé une semaine plus tard. Cancer. Inopérable.
Un mois incroyable a commencé alors pour toute notre smala. Tu as franchi les stades de Kübler-Ross à toute allure (déni, colère, marchandage, dépression, acceptation). Tu as demandé à relire Eternelle pour te préparer à voliter dans l'au-delà (cela m'a bouleversée: ne l'aurais-je écrit que pour cela ?) Tu nous as informés avoir réglé tes comptes avec feu ta mère pendant toute une nuit. Après plus de soixante ans de mariage, Papa et toi êtes devenus les stars de la clinique tandis que votre amour faisait sauter toutes les restrictions : rien n'aurait pu vous empêcher de vous couvrir de baisers et de larmes. Puis, tu as été très claire, c'est de la maison que tu voulais prendre ton envol : pas question de disparaître avant d'avoir embrassé ton frère, tes enfants, tes petits-enfants, et leurs conjoints.
Ton être véritable s'est révélé à nous dans toute sa force intérieure, sa beauté... et cet humour qu'on avait si peu connu jusqu'ici. Quelle intensité pendant cette dernière semaine à domicile. Ton homme, sans cesse à ton chevet, tes petits-enfants qui ne décollaient plus de votre appartement, ton fils qui est allé jusqu'à peler des myrtilles pour que tu puisses encore les déguster sans t'étouffer. Nous prenions tous soin de toi, mais aussi les uns des autres, de Papa qui se préparait à la grande séparation, même si tu lui avais glissé ta certitude de vous retrouver. Des soignants très investis se succédaient pour que tu gardes ta dignité jusqu'au bout. Tant de mots tendres ont été chuchotés, tant de caresses échangées, puis des regards seulement où tout était dit. Ah, quand de ton pauvre petit bras sans force tu es encore parvenue à m'effleurer la joue... Parfois, j'avais l'impression que cet amour que nous partagions débordait, inondait Genève tout entière et bien au-delà.
Il y a une semaine, une aube ensoleillée a cueilli ton dernier soupir et signé ton départ pour un ultime reportage (ce que tu as aimé être journaliste à cette époque où l'on pouvait encore vérifier ses sources !) Le chagrin de chacun le disputait au soulagement de te voir cesser de souffrir. Je t'avais demandé de nous adresser un signe depuis l'Autre Côté dès que possible. Le lendemain déjà une étrange sonnerie a retenti dans ma chambre d'enfant tandis que j'écrivais ces mots dans ton avis mortuaire : "L’évocation d’un riche moment passé en sa compagnie, dans un champ ou devant un bouquet de fleurs printanières dont elle raffolait, constituera la cérémonie d’adieu à celle qui existera à jamais dans nos coeurs. " Ouf, tu étais d'accord, toi qui ne voulais pas entendre parler de cérémonie et te fichais de la destination de tes cendres. Toi la réservée, on t'a soudain découverte si rebelle et sûre de toi.
Ton incinération s'est déroulée une heure après la minute de silence pour les morts du Covid. Je l'ai respectée, en empathie avec toutes les personnes forcées par ces temps difficiles à des séparations sans adieux, à l'impossibilité d'accomplir sereinement leur deuil. Sache que malgré quelques vagues de tristesse dues à ton absence physique, nous allons bien, car nous savons déjà que c'est aussi ton cas : mon petit frère t'a vue en rêve lui faire un signe souriant, Papa communique sans cesse avec toi et tu m'as raconté hier avoir visité tous les endroits à primevères et à scillas de la région, et aussi que tu as retrouvé tes amis Inès et Roger dans l'au-delà (!), tout comme Véronique, mon amie d'enfance sans cesse fourrée chez nous. Tu as aussi filé au Bhoutan et au Yemen, deux pays auxquels tu étais très attachée. C'est que le temps et l'espace n'existent plus là où je te perçois gambadante, joyeuse, sereine et à nouveau si jeune...
Oh-Be-Ahn, grande Dame. Comme je suis fière et heureuse d'être le fruit d'un si grand amour.
PS: Une amie de toujours m'a envoyé ce lien inspirant, quel cadeau !
Récemment, à l’aube, mon maître intérieur m’a chuchoté: vas-y, fonce faire ta deuxième injection, c’est le bon moment! Même claire injonction que deux mois auparavant, lorsqu'une situation familiale difficile m’avait poussée à m’inoculer une première dose d’ARN messager: mon papa bien-aimé fraîchement veuf était depuis des semaines dans un état de panique totale à l’idée que je puisse nous mettre tous deux en danger en refusant une vaccination martelée par des médias taxant de complotiste toute personne osant exprimer le moindre doute. Un choix fait par gain de paix, malgré mes craintes de perturber une santé équilibrée à grands renforts de balades et danse, et de solides réticences à cautionner Big Pharma ou d’obéir à des injonctions gouvernementales transformant en gendarmes les gens d’accueil que sont les restaurateurs, tenanciers d’espaces bien-être et autres artistes.
Si vous saviez, j’ai tellement hésité, pour la première comme pour la deuxième… La majorité de mes amis sont plutôt antivax, très engagés dans des réseaux de solidarités humanistes. Ça me plaisait de faire partie des rebelles, des insoumis, de soutenir ceux qui vont jusqu’à perdre leur travail par respect pour leur intégrité, même si je trouvais personnellement peu souverain le fait de grelotter sur les terrasses* en forçant mon entourage vacciné à en faire de même, de ne plus pouvoir aller à la piscine, ni au théâtre et encore moins au cinéma. Bref, pendant des mois ça a été un jour oui, un jour non, tandis que les amis qui suivent la même Ecole des Mystères que moi se faisaient vacciner les uns après les autres, convaincus que sitôt qu’on intègre quelque chose en soi avec une conscience positive, cela ne peut pas nuire.
Bref, ce fameux jour, je traverse Genève à pied en direction du centre de vaccination, quant me voilà subitement étreinte par une immense tristesse. Même si j’avance toujours, je ne cesse de pleurer et quand crépite le texto d’une amie qui me félicite d’être enfin sortie de l’indécision, je lui réponds: « Chaque pas me rapproche de la trahison de moi-même ». Alors que j’hésite encore devant le centre, cette amie me téléphone, me rappelant notamment le cas d’une autre amie qui a littéralement guéri d’une malade grave suite au vaccin, ayant réussi à convaincre son organisme que cette inoculation lui serait bénéfique.
Quelques bonnes respirations plus tard, je pénètre dans le centre, évoquant le roseau de La Fontaine qui sait plier devant la tempête pour mieux se relever par la suite, contrairement au chêne qui résiste et casse. Avant et après la piqûre, je médite furieusement dans mon box… au point qu’un grand silence se fait soudain dans l’immense halle, bourdonnante à mon arrivée. Je sens très clairement que mon rayonnement apaise les nouveaux vaccinés, les derniers récalcitrants, ceux qu’on a forcé pour raisons professionnelles ou familiales, « les patients les plus difficiles de toute ma carrière », me confie l’infirmière dans un soupir.
Après un café-croissant sur un banc ensoleillé, je rentre chez moi un peu groggy, puis m’écroule à nouveau en larmes, atteinte d’un incoercible chagrin, frappant mon oreiller en me traitant de lâche et de collabo. A ma stupéfaction, au moment de basculer dans un sommeil de docker, mon maître intérieur énonce très clairement : « Bravo, tu as enfin lâché ta dernière cause, tu as déposé les armes intérieures ! Je suis si fier de toi…» Et d’expliquer à ma petite personne encore hoquetante qu’il va maintenant pouvoir transformer en inoffensives facettes plusieurs aspects particulièrement douloureux de vies antérieures : notamment l’esclave rebelle mort sous la torture, la jeune captive aux veines ouverte avec les dents pour échapper aux viols vikings, mais surtout la chrétienne assistant à la mise à mort de ses compagnons, déchiquetés par les lions du cirque devant une foule avide, elle qui n’avait pas eu ce courage, préférant la vie au martyre. « Il faut aussi du courage pour se rétracter » ajoute mon maître, tandis que mon compagnon renchérit un peu plus tard : pour continuer ses recherches en paix, Galilée lui-même avait fini par renier sa conviction que la terre tournait autour du soleil…
Quant à moi, trois semaines après mon deuxième vaccin, pas le moindre effet secondaire sinon une épaule très douloureuse les premières 24 heures et un immense soulagement : me voilà enfin sortie du grand-huit émotionnel de la conscience collective qui m’aspirait régulièrement depuis le début de la crise Covid. Fini la dualité pro-ceci et anti-cela, le vain combat de ceux qui campent sur leur positions et se ferment aux arguments de l'autre partie. Seule l'Histoire les départagera (à moins que ce ne soit le variant Omicron !). Je redeviens paisible observatrice d’un monde plongé dans le chaos prometteur de l’Eveil.
*Eh oui, même le pays de liberté qu’est la Suisse a cédé au Pass « sanitaire », on nous a cependant consenti l’accès aux terrasses qui sont entretemps devenues de confortables écrins bien chauffés, et des établissements "privés" à donation libre contournant la loi (j'adore) commencent à faire flores.
J'avais proposé l'écrit suivant - davantage grand public que d'habitude - à Bon Pour La Tête, un média helvétique que je savoure pour sa liberté de ton et d'opinion, emmené par un comité de journalistes bénévoles que je respecte énormément. A ma surprise il a été publié... et bien reçu! De tous jeunes gens, ainsi que des octogénaires l'ont également apprécié suffisamment pour me le faire savoir... Je suis très touchée, très émue! A lire ICI ou ci-dessous...
Il y a bien des années, enroulée dans une nappe en toile cirée, j’avais passé la nuit dans un champ humide. Bivouac improvisé après avoir tout perdu: mes amours, mon toutou adoré et la vieille ferme dont nous venions terminer la rénovation. Inutile de dire que je n’ai pas fermé l’oeil. Des terreurs issues de la nuit des temps dansaient une valse endiablée sous ma boîte crânienne. Plongée dans la solitude absolue de « celui à qui cela arrive » je me demandais comment j’allais survivre à cet écroulement.
Paradoxalement, je baignais dans une sorte d’exaltation, oh très diffuse, mais quelque chose en moi « savait » que cela devait arriver. Cela faisait trop longtemps qu’un noeud au ventre chronique n’attendait que de se transformer en maladie. Exaltation parce que soudain l’ancien était balayé. Il ne restait devant moi que le nouveau, une belle page blanche que je pouvais commencer à orner de toutes les écritures, de tous les possibles.
L’euphorie a été de courte durée. La remontée de mes vieux démons, de mes parts d’ombre et de mes peurs m’a rapidement rattrapée. Avant de pouvoir construire du neuf, il m’a fallu procéder à un ménage intérieur conséquent; décrassage de mes schémas et croyances, dépoussiérage de mes mémoires ancestrales, toilettage de mes vieilles blessures… Le plus dur a été de sortir du statut de victime. Que de de chaos, de nuits à pleurer, de jours à ramper avant de trouver un nouvel équilibre.
Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris que j’avais vécu un épisode d’éveil, suivi de nombreuses répliques, comme des millions d’autres avant moi. Ces moments précieux où l’on ouvre les yeux sur une nouvelle réalité, tandis que l’ancienne se révèle dans toute son absurdité. Ce basculement qui fait que les choses ne sont plus jamais les mêmes.
Née en 1960, j’ai soixante ans aujourd’hui… dans un contexte que je n’aurais jamais imaginé possible il y a seulement un mois, où je chassais encore les aurores boréales à Tromso en Norvège, mon auto-cadeau d’anniversaire, selon le bon vieux principe qu’on est jamais mieux servi que par sa propre énergie !
En me réveillant, je me suis crue le 5 avril 1970 : j’ai scruté le même ciel d’une pureté absolue qu’à mes dix ans, respiré le même air parfumé, me suis délectée des mêmes pépiements que n’étouffent plus le roulement de milliers de voitures. De pénétrer maintenant dans la catégorie des sexy-sexas me cause autant de joie qu’il y a cinquante ans, quand j’entrais tête haute et pieds en pattes d’eph dans celle des « teenagers », avide de plonger dans le mode de vie hippie qui débarquait tout juste en Europe et fascinait mes parents. On écoutait Jimi Hendrix et Janis Joplin sur le tourne-disque familial, on rêvait à un monde sans guerre et sans travail, où tout le monde s’aimerait…
Le mouvement nihiliste punk a déferlé peu après, suivi de la vague yuppie, de l’ultra-libéralisme et mes idéaux sont entrés en clandestinité : pendant des décennies, rêver à un monde plus humain était taxé du dernier ridicule. Tant de nuits à pleurer dans l’obscurité, de journées à m’autodétruire dans mon incapacité de faire émerger un monde moins cruel. Hautement suspects pour le monde laïque, les seuls qui me faisaient entrevoir un autre possible étaient les métaphysiciens, alchimistes et autres spirituels… Pour aller vers moi-même, dans une liberté, une souveraineté à laquelle je sais maintenant avoir aspiré depuis des vies et des vies, il ma fallu un sacré temps pour me dépêtrer des épaisseurs de la conscience de masse, des vieilles croyances, des rets ancestraux et karmiques. Tout désapprendre, quel boulot!
Ce jour de mon entrée dans la maturité dans un contexte pour le moins bouillonnant, je suis certes en profonde empathie avec ceux qui souffrent ou travaillent comme des forcenés dans les hôpitaux et services surchargés, mais je suis également en paix; consciente que nous créons notre réalité à chaque instant, j’ai choisi d’envisager cette crise que nous traversons dans une perspective constructive.
Une série d’un nouveau genre, ça vous parle ?
Depuis maintenant deux bonnes années, je me laisse porter par l’inspiration du moment, sans me mettre aucune pression ni obligation (miam la vie !) C’est ainsi que j’ai été traversée par l’impulsion récurrente de réunir quelques amis pour délirer ensemble sur un projet de série télé ou webserie. Faut dire qu'on est nombreux à ne plus s’y retrouver dans la majorité des productions actuelles, entre flots d’hémoglobine, dystopies et jeux de pouvoir peu inspirants.
Parmi les cogiteurs, Joël et Annie, propriétaires d’une boutique bien-être dont les anecdotes m’ont toujours fait jubiler. Quant à leurs clients, quels personnages ! Un peu perdus dans ce monde, souvent perchés, hypersensibles, en quête de sens et de mille moyens et rituels pour aller mieux… Des gens touchants, à la conscience plus expansée que la moyenne, qui n’ont encore jamais à ma connaissance fait l’objet d’une série, malgré leur nombre croissant.
Entre balades et petits plats, évocations de Joël et Annie, suggestions de Michel, Julie, Dominique, Carmen, Agnès et Charles, des tas d’idées ont fusé, de quoi nourrir mon écriture, d’autant que j’avais déjà co-écrit quelques scénarii dans une vie professionnelle antérieure. Le flux de l’inspiration a coulé sans effort, et en un rien de temps, six épisodes d’une vingtaine de minutes ont été mitonnés. Cela donne Si Vous Saviez… sorte de Friends à la sauce métaphysique.
Et maintenant?
Eh bien, à vous de jouer ! Voyons déjà si le synopsis vous accroche:
"Une soeur et son frère ont hérité de leur mère décédée de l’Etincelle, une boutique ésotérique dans laquelle on vend pierres, pendules et autres élixirs magiques. Amandine, la plus âgée, en est devenue l’anxieuse patronne. Son cadet Jules, doté de dons médiumniques, a quitté l’université où il s’ennuyait ferme pour l’épauler à sa façon, notamment en traduisant depuis l’au-delà les bons et moins bons conseils de leur mère. Une professeure de philosophie ultra-rationnelle et mariée déboule dans le magasin, légèrement blessée. Le jeune homme l’aidera à sa façon, initiant une relation singulière entre deux êtres que tout sépare. Une grand-mère vlogueuse, un petit frère écolo-ultra, et un habitué déjanté complètent ce petit monde qui invente mille combines pour sortir le magasin des chiffres rouges."
Pour plus de détails, vous trouverez ici sa bible (personnages et intentions), ainsi que le premier épisode. Les cinq autres sont à votre disposition sur demande.
Qui veut continuer dans l'élan? Qui veut y jouer ? Qui veut le produire ? Qui s’y connaît en prise de son ? Qui s'imagine participer, de quelque façon que ce soit ? Dans quel lieu tourner ? Faudrait-il plutôt le transformer en podcast audio ou en pièce de théâtre ?
Je me réjouis en tout cas déjà comme une gosse de recevoir vos éventuels commentaires ou questions sur christine.ley @ bluewin.ch (sans les espaces).
Crédit photo: Pixabay/Bokskapet
Eternelle a vécu un joli miracle cet automne. Je rentrais d'un stage particulièrement intéressant en Autriche où il nous a été enseigné et répété que nous sommes énergie, que tout ce qui nous entoure fait partie de notre propre énergie, (oui, même cet arbre ou cet immeuble là-bas!). Cette énergie répond à notre conscience pour toujours nous servir au mieux. Ses fruits sont d'autant plus marquants qu'on n'applique ni force, ni attente trop définie dans nos désirs, ce qui en réduirait la portée. Paraît qu'il faut 5 ans en moyenne avant que nos croyances ne nous lâchent la bride, donc pour moi, ce concept est resté longtemps théorique. Certes, je pouvais tout à fait boire un verre d'eau en le remerciant d'avance de me faire du bien et sentir la bonne santé couler dans mon corps, mais guère davantage... Aujourd'hui, ça commence un tout petit peu, pour autant que je n'essaie pas de capter cela avec mon infatigable mental, ni avec mes cinq sens, mais plutôt avec une sorte de perception élargie. Je "vois" par exemple parfois danser l'air autour d'un objet, scintiller mon plafond (où ne se trouve aucune araignée, hihi!)
Bref, deux semaines après ce stage, alors que je ne pensais plus guère à mon livre, même si un désir de succès l'anime depuis 2008 (!) une librairie me le commande. En allant sur ma page pour le lui faire envoyer, stupéfaction, je le découvre qu'Eternelle caracole dans les meilleures ventes en littérature, devant Harry Potter! J'ai d'abord cru à une erreur, puis... Wouah, ce moment d'absolu nirvana!!!
J'ai rencontré un être en pleine Réalisation! Pendant mes voyages printaniers, le bonhomme en a profité pour vivre cet extraordinaire processus tout seul dans son coin.
En fait, j'avais déjà eu le privilège d'en rencontrer un: Guénaël avait été le dernier intervenant de Déclics et Cie avant que je remette cette organisation à une nouvelle équipe. J'avais déjà été émerveillée par la joie de vivre dans laquelle cet enseignant de méditation transcendantale baignait constamment. Survenu tandis que je suivais ses cours, le décès de sa mère n'avait que brièvement altéré son état constant de félicité; il m'avait décrit l'émotion ressentie comme un sillage tracé par un bateau dans une mer étale; intense au début, puis s'amenuisant, laissant les eaux revenir progressivement au calme, leur état naturel. Pas facile de partager la vie d'un tel être. Sa compagne n'a tenu que quelques années avant de lever les voiles pour d'autres rivages.
Et maintenant V. (Il ne souhaite pas que je communique son nom: la Réalisation est quelque chose d'intime, de l'ordre du sacré, au delà de tout ce qu'on peut imaginer). Déjà de le revoir a été un choc. Avant cela, c'était déjà un beau garçon, Docteur en métaphysique* qui plus est, détenant donc une quantité de connaissances spirituelles impressionnantes qui me poussait à le bombarder de questions à chacune de nos rencontres. Il sentait qu'il s'approchait d'un seuil, passait un nombre incalculable d'heures dans son canapé ou sur les sentiers à permettre, à laisser s'accomplir ce magnifique processus (voir mon article précédent), mais je le sentais encore légèrement tourmenté, très axé sur sa personne, parfois très (trop) catégorique dans ses réponses et si j'adorais le rencontrer pour échanger sur l'enseignement qui nous guide très concrètement depuis plusieurs années, je préférais le faire à petites doses.
Or, donc, je me suis remise à écrire, portée par l’élan des voyages mais aussi par tout autre chose, dont vous vous doutez sûrement si vous avez plus ou moins suivi le blog. Ces histoires courtes que j’écris sans hâte, sans but, sans attente concerneront le chemin qui mène de l’Eveil à la Réalisation, voire de l’Après, car si j’ai bien ressenti (il ne s’agit plus de compréhension mentale à ce stade !), il y a un Après où tout reste à inventer…
Dans notre monde occidental mental (tiens, ça rime!), de plus en plus de gens souffrent dans leur santé, plongent dans la tristesse. Leur job, leurs relations familiales, conjugales et sociales perdent tout sens, ils dorment en pointillé, font des rêves angoissants. Ils perdent parfois le sens de l’équilibre et peinent à se concentrer. Ils se causent à eux-mêmes, se sentent seul-e, sinon extraterrestre avec une envie féroce de rentrer à la maison quand ils regardent les étoiles. Tout ce qui les animait auparavant les ennuie maintenant profondément… Ménopause ? Andropause ? Sauf que ça peut arriver déjà à trente ans. Folie, dérive, dépression ? Pas de quoi foncer chez un psy, ils sont probablement simplement en train de vivre le bon vieil Eveil des familles (d’âmes). Une vague parcourt actuellement la planète matérialiste comme jamais auparavant….
Ici en Occident, on a tendance à considérer l’éveil avec suspicion, comme un truc bouddhiste qui arrive à des gens méditant sous un palmier qui reçoivent une noix de coco sur la tête les plongeant dans le nirvana, bref un truc très éloigné de nous… Et pourtant, plus ma conscience s’expanse, taguenassée sans relâche par mon maître intérieur, plus je comprends qu’on est de plus en plus nombreux à traverser ce seuil fatidique. Eh oui, ce n’est qu’un seuil, le commencement d’un chemin qui peut nous mener, si on le veut bien, si on le permet, vers la Réalisation et l’Après.
Ouh là, je vous vois déjà rouler des yeux. La pauvre Chris, elle veut se rajouter un « T », se prend pour Bouddha.
L’inspiration d’écrire est revenue, enfin ! Après plus de deux ans de latence...
Comme si j’avais tout dit dans Eternelle, comme si la source s’était tarie. J’ai bien jeté quelques idées sur l’écran, mais à la perspective de recommencer un roman, je calais sitôt les première pages rédigées.
Il a donc fallu deux ans avant qu’un travail de plus longue haleine s’engage. Et des voyages ! Même si j’adore être à la maison, me retrouver entre mes murs – qui sont paraît-il une création énergétique de ma conscience – et savourer une solitude qui s’apparente à la liberté totale, je finis toujours par stagner, ou en tout cas piaffer d'impatience de voir autre chose. C’est que je n’aime rien tant que grimper dans le van aménagé de patte de bricoleur par mon compagnon Michel (une émanation sécurisante de sa conscience à lui, c’est sûr!) et filer sur les routes en sa joyeuse compagnie. En itinérance je sens que plus rien ne m'arrête, que tout est possible. Les soucis s'évaporent dans le néant, laissant place nette pour l'instant présent, et rien que le présent... la vraie vie?
Cet hiver, nous sommes finalement allés fêter les jours qui rallongent en Sicile et non pas en Grèce comme initialement prévu ; c’est ce qui arrive quand on laisse les synchronicités et les ressentis nous guider. Ah le bonheur de visiter les temples grecs d’Agrigente ou la Chapelle Palatine de Palerme quasiment sans aucun touriste et encore moins de file d’attente. Et là, tout au sud du Sud, près de Pozzalo, sur une plage dans une grande solitude, peu après le début de l’année – une vague de froid inhabituelle avait jeté tous les Siciliens dans les cafés quand ils parvenaient à sortir de chez eux ! - en train de danser dans le sable au sein d’une petite crique donnant sur l’extrême beauté (cf photo) l’inspiration est tout à coup venue. Eh oui, je renoue en ce moment avec le plaisir de danser, de laisser mon corps faire exactement ce dont il a envie quand il en a envie, et ça va de se rouler dans le sable à cabrioler d’un rocher à l’autre. Oui, je suis cinglée, je sais, mais ça aussi j’adore ! Danser avec le fracas de vague et les cris des mouettes pour seule musique, sans directive ni injonction, ça calme le mental et laisse émerger autre chose. Bref, de retour à l’hôtel, je me mettais à écrire ce qui m’avait été inspiré sur la plage, soit des nouvelles qui font vaciller la réalité, que j’écris dans une joie profonde qui sera certainement communicative. Après ces vingt-quatre mois de latence, et peut-être aussi un peu de tristesse, le plaisir que je ressens à renouer avec la pure création est quasiment indescriptible.
PS: Facebook a décrété que le lien que j'avais établi sur ma page avec l'article précédent de mon blog "violait les règles de la communauté FB", donc l'a rendu invisible! Parler de conscience et de maître intérieur serait-il pire pour Zuckerberg que de poster une vidéo violente ou sexuellement explicite??? Voilà qui en dit long sur l'état de conscience qui a cours sur cette plateforme...
Il vient de m'arriver une aventure étonnante... Mon Maître intérieur me répète depuis des âges que tout est énergie et que notre conscience détient la capacité d'activer ces énergies pour nous servir. Autrement dit, si on perçoit la vie comme une vallée de larmes, on sera largement comblé en malheurs de toutes sortes et à l'inverse, si on l'envisage comme une succession d'expériences nourrissantes pour notre âme (même si parfois difficiles), on bénéficie tout naturellement d'une vie d'abondance et de grâce. Un peu simpliste, non ? Et pourtant.
Récemment, mes deux pouces se sont complètement bloqués. Fervente adepte de l'intelligence du corps, estimant que celui-ci sait fort bien se gérer si on lui fait confiance au lieu de l'abreuver de médicaments, j'ai laissé aller... jusqu'au jour où, lasse de ne plus parvenir à éplucher le moindre légume ni écrire le moindre mot en raison de douleurs cinglantes, je me suis résignée à consulter. Une bonne demi-journée de radiographies et examens plus tard, le verdict est tombé: disparition complète du cartilage de la base du pouce dûe à l'arthrose, donc adaptation d'attelles destinées à limiter mes mouvements. En sortant de l'élégante clinique de la main, je n'ai pu m'empêcher d'imaginer la facture gratinée qui s'ensuivrait, évidemment à payer dans son intégralité vu que j'ai pris franchise maximale pour mon assurance maladie. A ce point, je pouvais choisir de
C'est drôle comme, gosse, on constitue déjà l'ébauche de ce qu'on sera plus tard; on est encore si proche de notre essence... Personnellement, toute môme déjà, j'avais absolument horreur des contraintes. Vous dit pas le supplice qu'a constitué l'école, le fait d'être arrimée de force plusieurs heures par jour à un pupitre. Heureusement qu'il y avait les copains et les billes qui me faisaient arriver très tôt dans la cour de récré ! Aujourd'hui, c'est un peu pareil. Maintenant qu'Eternelle va son chemin et que j'écris tranquillement – très tranquillement ! - une autre dinguerie de la même veine, je ne supporte plus la moindre obligation. J'ai réussi à me débarrasser quasiment de toutes : plus de job (je vis encore sur la très ancienne vente d'une ferme retapée et déjà des premières redevances du livre), plus de mari (mais des compagnons aussi épris de liberté que moi) et une famille et des amis qui ont compris que, vivant 100% au présent, je ne répondrais aux Noëls et autres invitations que lorsque l'envie m'en prendrait à la dernière minute. Souveraine... et invivable ! Mais il y a une dernière obligation à laquelle
Plus de deux mois que je n'ai rien écrit, blogueuse paresseuse que je suis, tiens ça rime... Faut dire que j'ai été tellement occupée à vivre que je n'ai pas eu le temps de faire autre chose! La montagne, quand il y a abondance de soleil, pile à la bonne température alors que je pourrais griller en plaine dans un appartement remarquablement dépourvu de courants d'air (non-traversant et plein sud si vous voulez tout savoir), ça ne fait pas un pli, c'est là que je dois être. J'adore fourrer dans mon sac ado (oui, il est neuf à jamais) quelques affaires pour la nuit et filer sans but précis, m'arrêtant quand mes pieds crient grâce, si possible devant une auberge accueillante. Ma dernière escapade fut du côté d'Anzeindaz, dans les Préalpes vaudoises. J'ai mis le cap sur Derborence (ah, Ramuz) mais l'orage menaçait, j'ai obliqué sur le col des Essets et me voilà juste avant l'ondée du soir à la Vare, un charmant petit gîte "sur la paille", plein de fleurs, de tartes exquises et de brebis, où l'on dîne délicieusement, en échangeant jusque tard dans la nuit sur les choses de la vie. Et le lendemain tôt,
Après un voyage en Bretagne et un autre en Norvège pour suivre un enseignement décapant à la Azamé - clin d'oeil à ceux qui ont déjà lu Eternelle! - me lavant le mental à défaut du corps dans les fjords et lacs glaciaux (photo), voilà qu'en mon absence, et donc un lâcher-prise vraiment sérieux... le bouche à oreille s'est mis de la partie: les ventes redémarrent!*
Et moi, j'ai enfin compris, et surtout intégré, qu'on peut poser les intentions qu'on veut, si on a l'audace d'expliquer à notre Soi supérieur comment les choses doivent se dérouler... eh bien ça le gonfle! Ou plutôt, dans le respect qu'il a pour nous, le simple humain, il se retire poliment vu qu'on a l'air de tout mieux savoir que lui, et n'en fiche plus une. C'est exactement ce qui s'est passé. J'ai posé l'intention d'un grand succès qui m'ouvrirait de multiples portes (dont celles d'un producteur de films, tant qu'à faire!), mais après cela j'ai voulu tout gérer, n'ai laissé
J'avais eu beau frimer en février sur mon lâcher-prise, eh bien, il y avait encore un peu de taf... Récapitulatif d'un passage délicat.
Malgré l'enthousiasme de la majorité des lecteurs d'Eternelle*, il y a quelques semaines, les ventes se sont complètement taries. Quelque chose bloquait sérieusement et mon moral prenait la tangente.
- Demande-toi pourquoi tu crées cela, s'écria soudain le Maître tapi en moi. Si quelque chose dans ta vie te dérange mais subsiste, c'est que tu y trouves ton compte. Sinon, ce ne serait pas là.
J'ai soupiré. En étant très très très honnête avec myself, c'est vrai que j'avais profondément besoin de tranquillité, de ne plus rendre de comptes à personne, bref de décrocher.
- D'abord, c'est quoi pour toi, le succès? questionne-t-il en se calant dans le confortable hamac qu'il a suspendu au sein de ma petite personne pour profiter en spectateur de mes expériences humaines.
J'ai tremblé comme une feuille (de papier) pendant que deux Jacques - pas n'importe lesquels - lisaient simultanément Eternelle. Que mon papa, mes amis, quelques hypersensibles et autres indigos saluent avec enthousiasme un roman aussi atypique, c'est une chose (déjà fabuleuse, merci à eux !), mais quand deux personnalités reconnues en Suisse romande et bien au-delà comme le philosophe, écrivain et ancien recteur du collège Saint-Michel Jacques de Coulon ou le fondateur de l'Hebdo et du Nouveau Quotidien Jacques Pilet, journaliste des journalistes, me demandent de leur soumettre mon bébé... J'ai passé 15 jours à me torturer : vont secouer des têtes navrées devant ces histoires de défunts communiquant via des médiums, détester l'héroïne qui épingle religions et médias, s'énerver devant des personnages affirmant sans détour qu'on crée notre réalité, bref me prendre ouvertement pour la cinglée que je n'ai jamais cessé d'être... incroyable ce que le mental d'une nana comme moi peut bâtir comme scenarii, de préférence à l'heure du foie !
L'indé de base (auteur-éditeur donc) dispose d'un outil perfide: il peut suivre au jour le jour l'évolution de ses ventes. Sûrement grisant pour les caracolants Jacques Vandroux ou Rebecca Greenberg, mais pour l'auteure d'Eternelle, dont les seuls pics sont des auto-achats (afin de constituer un stock en vue des causeries), mieux vaut ne consulter que très épisodiquement cette loupe virtuelle. Certes la moyenne des ventes de la prunelle de mes yeux a doucement passé d'un exemplaire tous les deux jours à un par jour, ce qui en terme de pourcentage constitue une faste (!) progression, mais pour une rêveuse persuadée qu'elle vivrait désormais de sa plume, à l'instar de Jean-Philippe Touzeau ou Agnès Martin-Lugand, il y a un pas... que j'ai franchi brutalement hier, trébuchant sur le seuil de mon garagiste.
Je viens de recevoir ma première critique VRAIMENT mitigée! La blogueuse Sagweste, une des rares ouvertes aux auteurs indépendants (merci !) a certes aimé la première partie du livre, mais nettement moins la seconde, qui selon elle fait d'Eternelle "un roman initiatique un peu moralisateur qu'elle n'était pas du tout venue chercher" au lieu du feel good book * auquel elle attendait d'après la couverture. "Dommage, il aurait pu faire un best-seller", m'a-t-elle encore confié par la suite.
Sur le moment, ça fait mal évidemment. Oubliant toutes les bonnes critiques précédentes (un peu comme ces gens qui reviennent de vacances en rapportant que la météo a été horrible... après 2 jours de pluie sur 12 !), la serial-douteuse que je suis s'est effondrée :
- Tu croyais avoir réussi à faire passer un message roboratif sans te poser en donneuse de leçon ? Eh bien c'est raté ! Ton bouquin est un chef d'oeuvre... de manipulation !
En auto-éditée consciencieuse, j'ai relu la deuxième moitié pour voir si je pouvais le rééditer en version plus light... Mais l'idée me tordait le bide alors j'ai chaussé mes raquettes et filé en montagne pour quelques heures.
"Bidouillez votre CV!" Une formule de l'irrévérencieux Franck Lopvet, pour illustrer le fait que l'on crée à chaque instant sa réalité. Lui même est devenu clairvoyant... sitôt qu'il a eu le culot d'animer un atelier destiné à initier les participants à cet art-là!
J'ai pensé à lui en répondant à l'invitation des nouvelles responsables de Déclics et Cie de venir donner une série de causeries autour de mon livre, moi qui n'avait jusqu'ici fait que présenter timidement des intervenants ou bafouillé des flashes d'info à l'antenne de la Radio Romande.
La préparation a été costaude: 6 semaines à compiler l'importante doc* que j'avais réunie pour écrire le livre, à laquelle s'est ajoutée la lecture des bouquins les plus récents parus sur la nature de la conscience et l'après-vie, et le décryptage de quelques recherches scientifiques. C'est que je voulais que mes auditeurs en aient pour leur prix d'entrée et repartent nourris comme des oisillons.
Un petit point, six semaines après la première publication... Eh bien: l'expérience n'est pas facile-facile !
Je sais bien qu'on crée sa réalité, c'est même un des thèmes récurrents d'Eternelle, mais en ce cas, j'ai créé fort ! Après avoir corrigé les coquilles qu'on ne découvre que lorsque le livre existe en encre et en papier (sigh...), j'ai décidé d'améliorer la mise en forme du BB. Des centaines d'heures encore à « converser » avec les robots d'Amazon et de Lulu. Pas une sinécure d'adapter le texte au format de la page ni d'ajuster la couverture à la taille du livre. Exemple de ce qui peut arriver : écrit publié en tout petits caractères (photo ci-dessous), heureusement limité à 15 exemplaires dont 13 ont pu être récupérés par l'auteur. Comme dans les instructions de montage Ikea, autoéditer son livre c'est simple en théorie, mais en pratique, on donne dans le rubicube à 5 faces (enfin, surtout pour ceusses de ma quinqua-génération). Ensuite, il s'agit de commander les livres en gros pour servir ceux qui ne supportent pas Amazon (de ma génération aussi). Et cela non plus, ça n'a rien de fluide. Dernier colis en date: 25 livres (enfin 24, l'un volé au passage, ce qui pourrait être considéré comme flatteur), 5 très abîmés, et 12 cornés comme si on avait dormi dessus...
Autre joie de l'édition indépendante : après un mailing de plus de 5'000 adresses, mille dépliants dispatchés, l'info abondemment diffusée sur FB et le plaisir de recevoir des wagons de réactions enthousiastes, devinez combien de livres se sont écoulés en 6 semaines ? 60 ! Voui, soixante. Voilà qui rend humble la nana qui se voyait déjà co-scénariste de David Lynch ! Les 2'300 de mon précédent ouvrage écoulés chez Favre me paraissent soudain nirvanesques ; plus humblement encore, les éditeurs remontent dans mon estime à altitude himalayenne: quel sacerdoce !
Bon sang, les peurs qui émergent, maintenant qu'Eternelle est mis en ligne, accessible à tous ! Les questions tournent en boucle, de préférence vers les trois heures du matin :
Une fôt dortograf ne se serait-elle pas glissée en première page ? N'ai-je pas poussé trop loin le bouchon en évoquant la mort avec tant d'autodérision, comment mes lecteurs-trices vont-ils se sentir en lisant ces écrits impertinents? Quid de mes ex-amours et collègues, quid de mes proches que j'ai « utilisés » comme personnages de base ? (Du temps où je chroniquais régulièrement, j'avais parfois blessé involontairement des amis)...
Certes, l'âge venant, la peur du qu'en dira-t-on a disparu, mais la voilà remplacée par une autre trouille, celle d'être incomprise. C'est que je me montre toute nue dans Eternelle, enfin, dans ma vérité. Si j'ai réécrit quinze fois ce roman, c'est qu'il en a fallu du temps jusqu'à que le récit la reflète suffisamment, que j'OSE aller jusqu'au bout.
Et quand j'ai déclenché le feu vert, tout début août, après l'avoir relu d'une traite enfin satisfaite, j'ai réalisé aussi combien j'avais mis de moi-même dans le personnage de la défunte Cléo. Est-il prudent de jouer avec cela, ne vais-pas perdre une roue de vélo fatale lors de ma prochaine descente de la rampe de Saint-Jean ? N'est-ce pas imprudent d'exhiber ainsi les petits dessous de son âme, quand on a été élevée au lait du calvinisme genevois ?
Ancienne chroniqueuse presse écrite, j'ai toujours léché mes textes comme une oursonne ses petits : elles devaient être faciles à lire, simples, efficaces, donc ripolinées... Parfait pour une chronique de 1000 signes, mais pour un bouquin de 500'000, voilà une toute autre histoire. Je planchais déjà sur le livre depuis des années, à l'instinct, dans la fougue de coucher sur papier tout ce qui m'animait, mes découvertes... Puis je me suis libérée de toutes mes obligations, pensant régler l'affaire en six mois d'écriture intensive. Bernique ! Dix-huit mois plus tard, j'y sue encore, car si c'est déjà une chose d'avoir un chapitre qui tienne debout, encore faut-il qu'il corresponde avec les autres. Ben oui, ma fille, c'est un métier, écrivain ! Chaque fois que je relisais la fin je réalisais à quel point le début clochait, et réciproquement. Sans compter les redites, les clichés, les adverbes, les lourdeurs...
Ah, la grâce des relecteurs ! Aujourd'hui, j'ai presque honte de ce que j'ai fourré sous le nez de ma première courageuse relectrice, Agnès. Mais quelle chance d'avoir autour de soi des gens de franc-parler, prêts à assumer ce boulot délicat. J'ai donc réécrit une bonne partie du livre, puis toute fière, je l'ai remis au jeune auteur Charlie Bregman, mon mentor en auto-édition, qui m'a donné de précieux tuyaux pour le rythme du récit. J'ai enfin soumis deux exemplaires à Sarah et Marianne, anciennes collègues journalistes... qui ne sont pas arrivées au bout !
Pourquoi pas, plutôt... Après une expérience peu "dans le dialogue" avec un éditeur professionnel, une grande fille indépendante comme moi ne pouvait que se jeter sur les nouveaux outils à disposition des auteurs d'aujourd'hui : notamment la possibilité de glisser gratuitement son manuscrit sur des plateformes qui permettent à ses lecteurs de choisir entre version papier et version électronique, puis publier sitôt qu'on a terminé sans qu'on vienne nous dire qu'il faut ajouter une scène hot ou retirer un passage politiquement incorrect... L'auteur peut également choisir librement le prix qu'il estime juste, avec en corollaire non négligeable, le fait qu'il touche trois à sept fois plus de redevances que les 10, 8, voir 4% du prix de vente générés par son livre lorsqu'il passe par un éditeur classique où tout le monde (éditeur, imprimeur, diffuseur) se sert avant lui (sans lequel pourtant le livre n'existerait pas !)
Bien sûr l'auteur-entrepreneur doit faire son boulot... d'éditeur ! Un métier évidemment, même s'il l'apprend sur le tas. Il s'agit trouver pour le texte des relecteurs et un correcteur professionnel (fut-il électronique), de travailler avec un-e graphiste inspiré pour réaliser une couverture alléchante, de placer l'ouvrage correctement sur le site de vente (les robots d'Amazon ne sont pas très ouverts au dialogue non plus : un demi-millimètre de trop dans la couverture qu'on tente de leur faire gober et les voilà qui boudent, empêchant toute publication, la patieeeeence que ça demande !). Soutenu par les réseaux sociaux, l'auteur planche aussi en solitaire pour assurer la promotion et la diffusion de son BB, organiser des événements autour de lui; bon ça, faut avouer de toute manière que peu d'éditeurs - actuellement en mode survie - trouvent encore le temps de le faire !
Et quand je dis solo, c'est loin d'être exact :
Sur Amazon
Si vous le souhaitez l'auteure peut vous le faire envoyer à votre domicile et vous le facturer directement (frais de port 5 euros).
En ce cas, merci d'indiquer SUR CE LIEN le nombre d'exemplaires souhaités, votre adresse exacte (code d'entrée compris) ainsi que votre numéro de téléphone.